Palestne: affrontement entre bourgeoisies lâches
5 avril 2002
La guerre inégale entre Israël et les Palestiniens ne peut arriver à aucun résultat tant qu’elle reste limitée à l’opposition de deux "questions nationales". Dés le départ, la bourgeoisie hébraïque ne pouvait pas résoudre seule le problème de son état et fut utilisée par l’impérialisme américain dans le cadre de la lutte contre les vieux impérialismes européens de sa pénétration stratégique au Moyen-Orient. Le terorisme hébraïque des débuts et puis la guerre avaient chassé les Palestiniens de leur terre, les contreignant à entrer dans l’orbite politique des nations arabes. Certaines de celles-ci furent, à leur tour, contraintes d’accepter l’appui ambigü et bancal de l’URSS.
Les équilibres d’alors, déjà néfastes pour les Palestiniens et pour les Arabes en général, n’esistent plus. Aujourd’hui, moins que jamais, les Palestiniens ne peuvent résoudre leur problème national en le confiant encore une fois aux mains des bourgeoisies arabes inconséquentes et divisées. Dans tous les cas, toute politique nationale autonome dans une région sensible comme celle du Moyen-Orient ne peut être que pure illusion: la bourgeoisie israélienne est aux services des USA, la bourgeoisie palestinienne dépend des états arabes et celle de ces derniers dépend de la politique mondiale des états-Unis. L’Europe, elle-aussi, malgrè ses propres vélléités d’indépendance économique et politique vis-à-vis de l’impérialisme américain, se révéle, en réalité, impuissante, dominée et même servile.
Les tentatives de réponse palestinienne aux attaques israéliennes, bien qu'héroïques, ne peuvent pas apporter un résultat tant qu'elles restent dans le cadre de deux problèmes nationaux "opposés". La bourgeoisie hébraïque a déjà résolu le problème de sa nation en les confiant à l'impérialisme américain; la bourgeoisie palestinienne ne peut pas résoudre le sien en le mettant encore une fois dans les mains des bourgeoisies arabes inconséquentes et divisées. Dans chaque cas, chaque politique nationale autonome dans une zone délicate comme celle du Moyen-Orient est une pure illusion. L'Europe, malgré ses propres velléités d'indépendance économique et politique par rapport à l'impérialisme américain se montre en réalité impuissante, soumise et même servile.
Face à cette situation historique, l'aspiration palestinienne à son État indépendant ne peut que tomber dans une ruine totale: s’il est le fruit d’accords entre puissances, il s’agira d’un territoire désarmé et étouffé, sans économie, sans souveraineté nationale; s’il est "concédé" par Israël comme conséquence d’opérations militaires ce sera un grand camp de concentration soumis à tout arbitraire de l’adversaire. La "question palestinienne" n’a de solution que si elle s’insère dans le cadre de la croissance du preolétariat – qui n’est ni arabe ni hébreux – dans la perspective de la révolution, non nationale, mais prolétarienne.
Dépassée l'époque des révolutions nationales, la vraie solution des affrontements entre bourgeoisies nationales c’est la guerre entre États. Cette solution fut ainsi déjà tentée trois fois du côté arabe, à laquelle la bourgeoisie israélienne impitoyable, avec l'aide des États-Unis, a répondu chaque fois en écrasant les attaquants. Une nouvelle guerre éventuelle ne pourrait que se terminer comme toutes les autres se sont terminées. La révolution bourgeoise dans cette zone a déjà eu lieu et, pour des raisons internationales, elle a la marque israélienne. La réalité brutale est qu'une seconde révolution bourgeoise de marque arabo-palestinienne n'a pas d’avenir. Pour cela, la situation s’enfère dans un massacre borné, cruel, insensé, des deux parties. Cruauté contre "martyre".
"Droit à l'autodétermination" est un mot d'ordre qui a jeté dans la confusion beaucoup de partisans de la cause palestinienne et de nombreuses autres situations analogues. Les communistes l'insèrent dans leur programme quand sont présentes les conditions matérielles et pratiques qui permettent une solution effective, non parce que ce serait une revendication en soi révolutionnaire. En fait, elle s'interpose devant la perspective révolutionnaire et il est nécessaire de s’en débarrasser. Les communistes sont opposés à la fragmentation des états existants. C’est seulement si la lutte pour un tel droit a sens que nous l'appuyons, en y participant aussi de manière active. Si cela avait été possible, nous l'aurions fait dans les années 1930, au temps des grèves générales dans toute la région quand beaucoup de terres arabes étaient sous mandat britannique.
La "destruction de l'État d'Israël", en supposant que ce soit un objectif réaliste, renverserait simplement la situation en mettant la population hébraïque à la place de celle palestinienne. Certainement, les solutions essayées dans le cadre des anciens accords sont défavorables à tout point de vue: de celui purement bourgeois parce que deux questions nationales opposées sur le même territoire n’ont pas de solution; de celui purement communiste parce que, au lieu de débarrasser le terrain de la question nationale, elles rendent cette dernière plus virulente que jamais; de celui tant bourgeois que communiste parce qu’elles ne favorisent pas les conditions pour le développement du prolétariat tant israélien que palestinien. La lutte palestinienne est un des cas classiques résolvables seulement dans la perspective communiste révolutionnaire malgrè l’éloignement dans le temps d’un tel débouché. Il ne s’agit pas d’une formule abusive, de celles qui renvoient toute solution à un futur incertain, mais d’un processus déjà en acte.
La tragédie du peuple palestinien martyrisé fait déjà partie intégrante du grand boulversement qui implique des centaines de millions d'hommes dans des guerres apparemment "nationales" mais en réalité résultat de la conquête du monde de la part du Capital, c'est-à-dire fruit de la destruction des nations, pas de leur exaltation. Dans les années 1970, quelques franges palestiniennes étaient arrivées à une solution: soustraire la direction du mouvement aux bourgeoisies et unir les prolétaires des deux bords dans la perspective d’un état unique, ni arabe, ni hébreux, plus vaste que celui d’aujourd’hui d’Israël. Au delà des confusions d’alors sur le "socialisme", c’est encore l’unique issue qui ne soit pas simplement celle de la réction bourgeoise qu’elle soit hébraïque ou arabe. C’est dans un tel contexte que les Palestiniens, dans une véritable autonomie vis-à-vis de leurs faux tuteurs, pourront abattre l’ennemi bourgeois commun.